7 juillet 2020

FUSION PSA FCA
Non les actionnaires n’ont pas approuvé la fusion

Le 26 juin les media ont rapporté que les actionnaires de PSA – Peugeot – Citroën avaient approuvé la fusion avec FCA – Chrysler – Fiat lors de l’Assemblée Générale virtuelle du 25 Juin 2020. Ce « raccourci » est faux car il n’était pas proposé aux actionnaires de voter sur la fusion !

Trois actionnaires importants de PSA (Famille Peugeot, Banque Publique d’Investissement et Dongfeng) ont signé un protocole d’accord en décembre dernier sur la fusion qui doit être présentée aux actionnaires fin 2021 si les différentes étapes préparatoires sont finalisées (et notamment la question de risque concurrentiel en Europe sur certains segments de marché).

Comme ils sont tous les trois représentés au Conseil d’administration, il fallait en avertir les actionnaires et leur demander de valider la convention signée entre ces actionnaires.

Les taux d’approbation ont été très élevés, comme pour quasiment toutes les résolutions dans les sociétés cotées aujourd’hui. On peut penser qu’en cette période de crise, les investisseurs n’ont pas voulu compromettre la bonne marche des entreprises.

Cela veut-il dire que les actionnaires acceptent la fusion ? Non ! Le faire croire revient à distiller l’idée que TOUS les actionnaires l’approuvent alors même qu’ils n’en connaissent pas tous les termes ni les détails. En outre, l’évolution récente des deux sociétés à la suite de la crise COVID (notamment le besoin de cash…) montre clairement que les termes de la fusion n’étaient pas et ne sont plus aujourd’hui acceptables en l’état et devraient être révisés. En outre, on ne peut pas ne pas s’interroger sur la pertinence d’une fusion décidée avant la crise du COVID alors même que le marché de demain sera très différent de celui « du monde avant COVID ». A cet égard, il a été d’ores et déjà annoncé officiellement que le groupe fusionné devra fermer des usines en Europe car le « groupe » est déjà en surcapacité de production !

Et que penser de la décision du groupe PSA de mettre un tiers de ses salariés, soit 40 000 personnes, en télétravail et de fermer le siège social à Rueil Malmaison ? Qui pourra croire après une telle annonce qu’elle ne prépare pas l’après fusion, la direction générale étant « délocalisée » c’est-à-dire plus résidente en France… ? Et le télétravail ne sera-t-il pas un moyen de licencier « plus facilement » après la fusion ?

A l’heure où l’inquiétude grandit (avec juste raison) face au risque d’un chômage massif dans les années à venir, le « mécano » industriel d’une fusion est-il toujours un scénario acceptable pour la société et « raisonnable » pour les actionnaires et salariés du groupe ? Comment justifier que la « seule » voie possible est la fusion pour devenir l’un des plus gros mondiaux pour exister encore dans quelques années ? Et ce alors même que la stratégie de PSA a montré qu’il était possible d’exister en étant segmenté et « petit » ?

La stratégie proposée par Carlos Tavarez est similaire à celle proposée par Carlos Goshn chez Renault, à savoir la course aux volumes…. Mais est-ce toujours une stratégie d’actualité ? Ce sera aux actionnaires d’en décider à la fin de l’année probablement. Espérons qu’ils prendront le temps d’examiner toutes les implications financières et sociales de cette opération « entre égaux ». Mais avec un actionnaire à 14% qui a imposé que le siège social du groupe fusionné soit à Amsterdam. Vous avez parlé d’actionnaires responsables ?

Olivier de Guerre

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